Texte commun de Lidael et Luun, Images par LidaelLes ouvriers venaient de partir et Lidael finissait d'inspecter les travaux d'agrandissement quand Luun entra dans la pièce. Luun sentait bien qu'il avait fait une erreur, et Lidael avait beau lui assurer qu'elle ne lui en voulait pas, il n'en était pas moins penaud.
Il faisait trop frais pour rester dehors ce soir là , aussi, les deux amis s'installèrent sur le tapis devant la cheminée pour parler un peu. C'était devenu leur lot quotidien, parler, ils en oubliaient toute notion du temps. Au fur et à mesure de leur discussion la Feir'Dal comprenait mieux le contexte et l'histoire qui avait conduit Luun à mourir pour sauver sa bien-aimée. Il lui raconta tout le reste aussi, l'emprunt des documents confidentiels des Gardiens du Serment, ses interrogations sur la réaction d'Azurielle et ses craintes de revoir Lilaen, de devoir gérer son chagrin avec sous les yeux le reflet de son amour à jamais perdu. Quitte à être dure, Lidael ne dérogeait pas :
- "Elle est morte, il faut que tu fasses ton deuil. Oublies là ."Techniquement parlant Lisèle n'était pas morte, mais c'était tout comme.
Finalement, il se décidèrent à aller voir Azurielle, au siège des Gardiens du Serment. Si Lidael pensait Luun anéanti, Azurielle n'en menait pas large également.
Elle a une mine affreuse, se dit Lidael qui remarquait aussi que chacun portait de sinistres tenues de couleur noir et orange.
Si tous deux avaient été accablés, il faisait nul doute que Luun avait reprit du poil de la bête et prenait son destin à bras le corps, alors qu'Azurielle s'enfermait dans une tristesse infinie.
La Koada'Dal accueillit les deux Feir'Dal aussi chaleureusement que possible. Luun sembla s'en étonner. Ils entrèrent et allèrent s'installer à l'étage avec la maitresse des lieux. Assis dans de confortables coussins, Azurielle leur faisait part de sa foi en l'amour qui les avaient liés autrefois. Pour elle il était tout simplement impossible que cela soit balayé du simple fait que Lisèle ait "un peu" changé. Elle n'avait pas compris la profondeur des changements, pas accepté que la mémoire de sa fille adoptive soit définitivement perdue. Elle continuait d'espérer. C'était à la fois touchant et pathétique. Alors que Luun essayait de faire comprendre à Azurielle que la Demi-Elfe qu'ils avaient tous connu était bel et bien morte, les gardes annoncèrent une visite.
Lilaen fit son entrée dans le hall. Luun était tendu, Azurielle éplorée et Lidael observait avec intérêt la scène qui se déroulait sous ses yeux. La familiarité avec laquelle Lilaen l'aborda lui déplut immédiatement. Elles échangèrent quelques mots à peine mais cela suffit à comprendre que les deux femmes ne s'appréciaient guère. Lidael était pressée de s'en aller, mais Luun ne pouvait s'empêcher de railler Lilaen.
L'Ayr'Dal était tellement sure d'elle, de ses certitudes, tellement persuadée de jouir de l'infinie liberté promise par Gypsae qu'elle parlait à tort et à travers. Parlait-elle en son nom, ou en celui du Clan qu'elle avait rejoint ? La question se posait une fois encore, mais il ne servait à rien d'argumenter avec Lilaen. Pas quand il suffisait de poser la question à la bonne personne... Lidael avait raison, les deux Feir'Dal n'avaient rien à gagner à rester et ils prirent donc congé.
C'était à peine s'ils avaient remarqué l'arrivée d'Ayerown et Nyriale, les deux paladins qui venaient de se joindre à la discussion. Azurielle avait un air si désolé, que la Feir'Dal lui proposa avant de partir de passer au dispensaire si le besoin de parler s'en faisait sentir. Lilaen ne put se retenir de se moquer de Lidael, mais ses paroles qui se voulaient vexantes ne trouvèrent pas prise sur cette dernière qui répondit par un sourire amusé.
Une fois au dispensaire, Luun prit le temps d'adresser une lettre à Gypsae. Elle comptait à peine dix mots, mais la Teir'dal savait lire entre les lignes et y verrait très certainement les multiples sens cachés sous les mots anodins. Comment Gypsae, dont il connaissait les compétences et le goût pour l'intrigue, pouvait s'enorgueillir d'avoir éduqué et accueilli dans son Clan Lilaen ? Des gobelins lui auraient inculqué plus de sens diplomatique, même un cours avec Nobla aurait été un mieux. S'il avait été contraint d'admettre que l'idée de base était brillante, la réalisation était décevante et le résultat d'une médiocrité qu'il n'aurait jamais pensé devoir associer à la Teir'dal.
Puis, les deux elfes regagnèrent leur chambre. Demain serait un autre jour...