La taverne des vulriches > Récits d'Ombrelune

[Background] Journal de bord

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Grainne:
"Je me suis dis que garder un journal de bord serait une bonne idée pour ne pas oublier tout ce qui s'est passé, et tout ce qui se passera. Les paroles s'envolent, les écrits restent, comme disent les Humains. Alors moi, Ratongate, par soucis d'intégration, je dois me mettre au goût du jour.

Qui suis-je pour commencer ? Une simple ratongate ayant fait quelques études basiques de surveillante. Ca, c'était avant que les Thexiens n'arrivent à Port-franc. Depuis leur arrivée, je n'étais ni plus ni moins qu'une vermine de plus à tourmenter. Je ne compte plus les coups de pieds reçus alors que je rentrais fatiguée des cours du soir après une dure journée à travailler avec mes parents. Les gestes obscènes qui mimaient des actes emplis de tant de cruauté que j'en avais des frissons jusqu'au bout de la queue. Et jusqu'au jour où... je me suis faite avoir. Alors même que je sortais de la maison, un elfe noir thexien m'a prise par la peau du cou avec tant de facilité que je me sentais comme une poupée de chiffon ballotée dans tout les sens par un chien enragé. Il m'a jetée contre le mur et m'a réclamée l'argent que je transportais pour aller faire nos courses de la semaine. Nous étions pauvres, et lui donner cet argent dûment gagné signifiait notre faim. Notre fin. Je ne me suis pas laissée faire, alors pour me punir, l'elfe noir me brisa la queue en deux. Il savait à quel point cela faisait souffrir les ratongas, et que leur fierté en prenait aussi un bon coup. J'en avais croisé plusieurs dans la rue, la queue distordue, mais je ne m'étais jamais demandé comment ils avaient pû avoir ça. Je les appelaient "les difformes". Le soir même, la queue brisée, je décidais de quitter la ville.

Mes parents ne m'en voulurent pas, au contraire, cela faisait une bouche de moins à nourrir et ils connaissaient mon caractère aventurier. Ils m'ont quand même donné de quoi me débrouiller le temps d'arriver dans la ville dont tout le monde parlait à ce moment-là : Qeynos. Une ville de "gentils" ou de "tapettes" comme ils disaient, mais c'était une ville belle, agréable, où les gardes ne brutalisaient pas les gens qu'ils devaient protéger. Après avoir dû trahir ma ville natale (ce qui ne me fit ni chaud ni froid), je dû entreprendre toute une série de services pour prouver à Qeynos que ma loyauté serait sans faille.

C'est effectivement ce qui aurait du se passer. Mais lors de mon intronisation en tant que citoyenne respectable de Qeynos, je fus embarquée malgré moi dans une histoire dont je pensais qu'elle m'aiderait à me faire accepter. Il en fut malheureusement tout autre : croyant oeuvrer pour le bien de la ville, je fus au contraire le pion d'un complot visant à affaiblir la ville. Cela, je ne le su que lorsque les gardes en chef de Qeynos Nord me mirent à la porte avec interdiction de revenir. Il faut croire que certains qeynosiens détestent tellement les races telles que les ratongas qu'ils sont prêts à les manipuler de manière à briser leur vie, encore plus lorsqu'ils peuvent en récolter quelque chose.

Que me restait-il comme option ? J'étais exilée pour la deuxième fois de ma vie, indésirable dans la ville surnommée "Terre Promise", et sans un sou en poche. Désespérée, j'errais dans Antonica lorsque j'entendis de la musique. Au loin se dressaient des tentes colorées et une foule de gens se pressaient autour de ce qui semblait être des marchands. Intriguée, je m'approchai et repérai une jeune semi-elfe qui était en train de fabriquer des paniers tressés.

"Bonjour Madame, excusez-moi de vous déranger, que se passe-t'il ici ?
- Ah, bonjour - dit-elle en levant la tête et en me souriant - ce que vous voyez est le "festival ambulant des cités", ce mois-ci il s'arrête aux portes de Qeynos. Vous êtes intéressée par un meuble ? C'est moi qui les fabrique !
- Ah, ça serait avec plaisir mais je n'ai pas beaucoup d'argent alors... répondis-je en fouettant l'air de ma queue
- Bah, vous pouvez toujours donner un coup de main aux gérants, ils vous donneraient peut-être des bons d'achat ! Mais j'y pense... fit-elle en se levant de sa chaise, qu'est-ce qu'une ratongate fait ici ? Vous êtes en vacances ?
Je déglutis.
- A vrai dire... j'ai été mise à la porte contre ma volonté et je ne peux plus revenir à Qeynos.
La semi-elfe me regarda d'un air consterné.
- Mais... vous n'avez nulle part où aller alors ?
- Oui, c'est à peu près ça. C'est pour cela qu'un meuble ne me serait guère utile. répondis-je, honteuse.
Elle me fit un grand sourire.
- Ecoutez, si ça vous intéresse je connais un moyen de revenir à Qeynos.
- Ah oui, lequel ?!
- C'est simple : il suffit de devenir citoyen de Kelethin. Puis de demander à changer de citoyenneté une fois avoir prouvé que vos intensions sont bonnes. Ils ne vérifient pas le passé d'une personne qui vient de Kelethin, c'est le seul moyen que je connaisse actuellement pour revenir à Qeynos - Elle me regarda d'un air soupçonneux - Vous n'avez pas l'idée de mettre le bazar dans Qeynos j'espère ?
- Grands dieux, non ! - j'éclatais de rire - Je cherche juste une ville où il fait bon vivre, et le peu que j'en ai vu m'a conquise. Je veux y retourner, juste pour être en paix.
Elle éclata de rire.
- Oui je comprends, moi non plus je ne suis pas de Qeynos mais cette ville a son charme, et c'est un des meilleurs endroits dans tout Norrath pour faire marcher mes affaires de charpenterie ! Vous voulez que je vous explique comment vous rendre à Kelethin ? Il faut prendre le bateau, puis le griffon, puis le cheval, c'est assez loin.
- On ne peut y aller par un moyen plus économique ? Je n'ai pas beaucoup d'argent, pour ainsi dire pas du tout, ça m'embêterait de commencer ma nouvelle vie en devenant membre clandestin d'un bateau. demandais-je en faisant mes comptes dans ma tête.
Elle me dévisagea et soupira.
- Ecoutez, vous avez l'air épuisée, je vais vous avancer l'argent de la traversée et vous me le rembourserez quand vous aurez trouvé un travail et que vous serez bien installé, ça vous va ? Je vous demande juste de distribuer quelques prospectus de publicité à Kelethin.
Mon coeur rata un battement.
- Ah, mais, euh, euh...
- Pas de mais ! Allez, j'ai encore du travail qui m'attends, tenez voilà deux pièces de platines, cela devrait suffire. Fit-elle en farfouillant dans la poche de son tablier.
Jamais de ma vie je n'eu autant d'argent d'un coup. Je me sentais redevable, mais aussi infiniment reconnaissante envers cette semi-elfe gentille et généreuse.
- Merci beaucoup, je m'en souviendrais toute ma vie.
- Contentez-vous de vous en souvenir jusqu'à ce que vous m'ayez remboursée. Au fait, je m'appelle Erydd de Lucline - elle me fit un clin d'oeil - tâchez de ne pas l'oublier ou vous aurez du mal à me retrouver !
- Moi c'est Grainne. Merci vraiment du fond du coeur, Madame Erydd."

C'est ainsi que moi, Grainne-à-la-queue-tordue, exilée par deux fois, pus à nouveau rentrer dans la ville de mes rêves, un certificat de citoyenneté de Qeynos dans une main, et une lettre de recommandation de la Reine de Kelethin dans l'autre."

Grainne:
Fatiguée.
Juste fatiguée. Juste un creux, à l'intérieur de moi.

Qu'est-ce qui a changé finalement ? Peu de choses. Je vis dans un endroit meilleur en apparence. Un endroit qui propage les messes basses et qui colporte les rumeurs aussi vite que la nuit tombe en hiver. "Oh, voilà la petite Grainne !". Et j'entend les rires étouffés lorsque je trottine dans les rues. Les commentaires sur ma queue d'écailles. "Tiens, un rat, qu'est-ce qu'il fait en dehors des égoûts ?". Certains clients de la taverne des Plaisirs Négociables où je travaille, qui grimacent lorsque je leur sers un verre avec mes pattes griffues. Surtout ce paladin.

La terre promise, hein.

J'ai entendu parler d'une expédition qui est partie à la recherche d'une ville perdue dans la banquise qui vit en autarcie. Une ville de barbares. Les barbares sont gentils eux, ils n'ont pas la suffisance des elfes ni le goût du commérage des humains. Ils ne mangent pas les ratongas comme les Sarnak. Ils ne leur brise pas la queue juste pour s'amuser comme les elfes noirs. Et puis dans un climat aussi froid, avoir du pelage est un plus. J'ai hâte que l'expédition revienne. Qu'ils nous disent si oui ou non, il y a bien une ville cachée par delà les côtes qui n'attend que moi.

Je me sens si seule...

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